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La crise de l'asile
par Catherine Wihtol de Wenden,
directrice de recherche au Ceri (CNRS)
1)-United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East (Office de secours pour les réfugiés de Palestine).
Le XXIe siècle s'ouvre dans un contexte de mondialisation des migra¬ tions, et l'asile est devenu une question durable : 150 millions de per¬ sonnes s'inscrivent aujourd'hui dans la mobilité, parmi lesquelles 50 millions sont parties -forcées par la violence -vivre hors de leur lieu de résidence. 22 millions de personnes -déplacées et réfugiées -relèvent du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), et 3,5 millions sont des réfugiés palestiniens sous la protection de l'Unrwa(1). En 2001, le HCR a célébré les cinquante ans de la Convention de Genève du 28 juillet 1951, fondatrice du droit d'asile et rédigée dans un contexte de guerre froide où le réfugié quittait défini¬ tivement son pays et était un individu (et non un groupe) au profil très différent de celui du travailleur étranger venu suppléer au manque de main-d'œuvre. Le HCR lui-même, né en 1950, avait été créé pour une période de trois ans. En juin 2001, l'Assemblée des réfugiés, réunie à Paris sur les bancs des députés de l'Assemblée nationale, a lu un appel adressé aux États signataires (au nombre de cent soixante-dix) pour leur rappeler leurs engagements et aux États qui n'ont pas encore signé la Convention pour les engager à le faire. L'appel de Paris rappe¬ lait notamment que la Convention de Genève est le fondement univer¬ sel de la protection des réfugiés.
Pourtant, l'asile est en crise. Une crise due au fait que, depuis de nombreuses années, les États ont dû faire face à de nouveaux contextes non prévus par l'esprit de 1951, mais pourtant révélateurs de l'état du monde. Aux portes mêmes de l'Europe et de ses nouvelles frontières, dessinées en partie par l'espace de Schengen, par l'ouverture à l'Est et par la ligne de fracture que représente la Méditerranée, des lieux comme Sangatte, les îles grecques, espagnoles et siciliennes, les fron¬ tières orientales des pays d'Europe centrale et orientale ou les aéro¬ ports européens illustrent presque quotidiennement le décalage entre les droits de l'homme dont se réclament les pays dits d'accueil et les pratiques qui s'y développent. Pourtant, l'Union européenne n'ac¬ cueille que 10 à 15 % de la population mondiale des réfugiés et des personnes déplacées. Ce sont vers les pays les plus pauvres que se
N° 1238 -Juillet-août 2002
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